Livraison urbaine sans pollution sonore ou pollution de l’air : quelles solutions ?

La pollution, qu’elle soit sonore ou environnementale, est un réel fléau qui relève principalement de la logistique urbaine en se faisant probablement l’un des plus grands défis environnementaux du siècle.

La logistique urbaine fait référence aux transports liés aux bien et aux services au sein des espaces centre-urbains et périurbains, qui sont des lieux fondamentaux d’échanges et de consommation. Elle doit pouvoir satisfaire, optimiser et trouver le juste équilibre entre les trois composantes majeures : le développement urbain, la qualité de vie et la dynamique économique. Le secteur de la livraison, largement concerné par ses trois composantes, peut amplement et tristement prendre sa part parmi les flux de transports générateurs de pollution. Quelles sont les solutions pour lutter contre celle-ci ? Nos réponses.

L’explosion du secteur de la livraison

Pourquoi s’intéresser à la pollution générée par le secteur de la livraison ? Parce qu’il explose depuis de nombreuses années, et chaque nouvel élément conjoncturel ou structurel, associé à tous les éléments historiques, vient renforcer cet essor. Voici trois des principales causes de l’augmentation du nombre de livraisons partout dans le monde.

  • La puissance incontestable du web et l’adaptation de son accès sur les nouveaux modes de communication connectés entraîne évidemment une augmentation des achats en ligne et donc de la livraison. Ils représentaient plus de 13 % du commerce en 2021 avec pas moins de 45 millions de Français e-consommateurs, dont parmi eux, la tranche des 18-25 évidemment, mais aussi de nombreux seniors qui préfèrent se faire livrer à domicile. La possibilité d’acheter en ligne depuis son ordinateur, son smartphone, sa tablette, son téléviseur, sa console de jeux, etc. favorise cet essor ;
  • L’ultra-consommation, que l’on pourrait associer au « tout, tout de suite et sans effort », n’est pas que générationnelle. Tous les secteurs évoluent rapidement, ce qui pousse à la surconsommation, et impacte ici encore le secteur de la livraison. La volonté de gagner du temps prédomine sur celle de gagner de l’argent ;
  • La crise sanitaire! Comment ne pas la citer. Elle a évidemment entraîné de vrais bouleversements de nos habitudes de consommation et de nombreux ménages se sont séparés de leur véhicule motorisé au profit des transports en commun. Les entreprises ont dû s’adapter pour pouvoir perdurer et même survivre. Entre vente en ligne et livraison à domicile pour les particuliers, mais aussi avec la relance économique désormais et de nouveaux besoins d’équipements ou de matériel, le secteur de la livraison sort gagnant.

Pollution sonore et pollution de l’air : de quoi parle-t-on ?

Connaissez-vous ce que l’on appelle communément « la livraison du dernier kilomètre » ? Il s’agit de l’étape ultime de la chaîne logistique : la livraison au sein des villes. Elle représente à elle seule environ 20 % du coût total de la chaîne d’approvisionnement. L’immobilisation dans les embouteillages, les démarrages et arrêts permanents aux feux, aux passages piétons, aux voies de tramway ou de bus, etc. sont la cause d’une pollution sonore et d’une mauvaise qualité de l’air dans ces zones.

La pollution sonore

Quelques chiffres sont toujours plus parlants que des explications :

  • 53 : C’est le nombre de décibels maximum recommandés par l’OMS (Organisme Mondial de la Santé) pour ne pas être gêné de manière nuisible par le bruit ;
  • 52 : Ce sont les millions de Français exposés aux nuisances sonores du trafic routier ;
  • 41 : Ce sont les millions de Français surexposés aux nuisances sonores du trafic routier, soit au-delà de 53 dB ;
  • 80 : C’est le pourcentage du bruit que l’on doit attribuer au seul secteur des transports ;
  • 156 : Ce sont les milliards d’euros de coûts sociaux qu’ont causé la pollution sonore en France en 2021.

Des chiffres, il n’en manque pas et cette liste est évidemment non-exhaustive. La pollution sonore touche beaucoup de monde, surtout en milieu urbain. La question de transports plus silencieux – ceux de la livraison, mais pas que – est étudiée et de plus en plus pratiquée pour lutter contre ces nuisances. La Ville de Paris a notamment mis en place un plan « anti-bruit ».

La pollution de l’air

Repartons pour quelques chiffres. La pollution de l’air extérieur, rien qu’en France, c’est :

  • 48 000 décès par an, soit 9 % de la mortalité,
  • 30 % de la population française atteinte d’une allergie respiratoire,
  • 100 milliards d’euros par an de coût sanitaire.

Et dans le monde, c’est :

  • 92 % de la population mondiale qui respire un air trop pollué,
  • Des sols et des écosystèmes dégradés parfois de manière irréversible,
  • 32 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère.

Le transport de marchandises représente à lui seul 20 % des émissions de CO2 produites par le secteur des transports, qui lui-même représente 40 % du total des émissions de CO2 en France. C’est pourquoi l’écomobilité doit rester au cœur des avancées technologiques et innovantes de demain dans le secteur automobile.

Les solutions pour des livraisons moins polluantes ?

Derrière ce tableau plutôt sombre des données chiffrées de la pollution urbaine, place à la présentation de solutions déjà mises en place et qui s’intensifient pour améliorer la qualité de vie en milieu urbain.

La mobilité douce

La mobilité douce désigne l’ensemble des déplacements non motorisés limitant les nuisances sonores et les nuisances environnementales. Elle peut se pratiquer aussi dans le secteur de la livraison. Si l’on imagine mal un livreur en skateboard, il peut cependant livrer en vélo, en scooter électrique ou en véhicule électrique, comme le font les postiers.

La mobilité durable

La mobilité durable, ou écomobilité, consiste en l’utilisation de véhicules plus propres et respectueux de l’environnement, de leur conception à leur circulation. Pour la livraison, des modes de transports plus écologiques peuvent être employés, comme le véhicule 100 % électrique ou hybride, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, notamment pour la livraison du dernier kilomètre.

Des livraisons silencieuses

La livraison silencieuse nécessite avant tout un mode de déplacement le permettant, et un livreur formé. Les véhicules électriques sont extrêmement silencieux, ce qui les rend parfois d’ailleurs quelque peu dangereux. De plus, les livreurs doivent être formés à une conduite, un déchargement, un désempaquetage et une relation clients silencieux et respectueux du voisinage.

La labellisation CERTIBRUIT

L’association CERTIBRUIT propose 5 labels différents aux entreprises désireuses de s’investir dans une démarche plus respectueuse et écoresponsable de livraison silencieuse de nuit et de limitation du trafic de fret le jour. Cette démarche est encouragée pour décongestionner le trafic routier de jour, diminuer le nombre d’accidents de circulation, diminuer la pollution atmosphérique des milieux urbains, optimiser le transport de marchandises et agir pour l’environnement. Les 5 labels proposés sont les suivants :

  • Charte livraisons de nuit – respectueuses des riverains,
  • Je livre la nuit sans bruit – cafés, hôtels, restaurants,
  • Je livre la nuit sans bruit – librairies,
  • Je livre la nuit sans bruit – transporteurs,
  • Espace logistique de livraison urbaine à faible impact environnemental.

Pour obtenir ce label, il faut :

  • Etre livré de nuit, en dehors des pics de circulation, soit entre 5h et 7h ou bien entre 22h et 2h du matin,
  • Utiliser des véhicules de livraison propres et silencieux (Certification PIEK),
  • Que les livreurs aient été sensibilisés et formés à la lutte contre le bruit, tant dans leur conduite que dans leur livraison au client et dans le déballage de marchandises.

D’autres bonnes pratiques qui se développent

D’autres leviers d’actions se développent également, moins phares que le véhicule électrique mais apportant leur pierre à l’édifice tout de même.

  • Mutualiser les flux de transport: Eviter à tout prix les véhicules roulant à vide revient à mettre en place une logistique de retours, en tentant de mutualiser des services de livraison pour optimiser le remplissage des véhicules. La mutualisation des transports de livraison veut dire « moins de véhicules » et donc moins de pollution tant sonore que dans l’air.
  • La mobilité alternative : On en parle plus fréquemment pour les trajets particuliers, du domicile au travail par exemple. Il s’agit du fait d’utiliser plusieurs modes de déplacement pour optimiser son trajet. Plutôt que de faire 2 heures de route dont la moitié dans les embouteillages, la mobilité alternative incite à prendre éventuellement sa voiture pour l’heure où la circulation se fera sans encombre, puis la garer sur un parking et poursuivre avec un bus, puis une trottinette électrique et finir à pieds. Ceci n’est qu’un exemple bien-sûr. Ce concept s’applique aussi à la livraison. Des marchandises peuvent être acheminées en camion, mais aussi en véhicule plus citadin et électrique pour les petits colis, voire en vélo comme c’est le cas des paniers repas.
  • La mise en place de ZFE : Il s’agit des Zones à Faibles Emissions, aussi appelées zones à circulation restreinte. Ce sont des périmètres définis, souvent en zones centre-urbaines, où la circulation des véhicules les plus polluants est limitée ou interdite sur des plages horaires déterminées. Aussi, l’apposition d’une vignette Crit’Air sur le pare-brise permet le contrôle des véhicules autorisés. C’est un bon moyen de limiter la pollution de l’air et la pollution sonore.